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Saint-Médard : une poudrerie importante dans l’histoire de France
jeudi 18 décembre 2008
De la poudre à canon aux airbags, son histoire va de Louis XIV à la fusée Ariane... C’est l’une des plus vieilles entreprises de France. Son acte de naissance est daté du 19 novembre 1660. Sa physionomie est si particulière que la ville de Saint-Médard-en-Jalles (près de Bordeaux) s’est organisée en quartiers autour de son immense territoire bien clos.
La poudrerie, aujourd’hui la "SNPE-SME", accompagne depuis 350 ans la vie des gens d’ici. Avec ses joies et ses peines, ses drames et la richesse qu’elle a apportée, et une technologie qui en a fait le creuset de bien des industries de pointe.
« Moulins à poudre du Roy  », puis « Poudrerie des Révolutionnaires  », et enfin Société nationale des poudres et explosifs, son histoire est liée à la poudre à canon et au perchlorate d’ammonium qui propulse la fusée Ariane...
Les airbags automobiles, qui fonctionnent grâce aux explosifs déclencheurs du ballon, sauvent des vies.
Quand le maire de Saint-Médard, Serge Lamaison, promit, lors de la campagne électorale, de « créer un centre d’étude et d’histoire de la poudre et des poudriers en cours de mandat  », il ouvrit un immense livre d’histoire.
Des centaines de pages ont déjà été écrites, notamment par l’ancien poudrier Claude Courau. Des centaines d’autres le seront encore. Car l’histoire de la poudrerie colle à l’histoire de France.
Il se dit que les armées révolutionnaires se sont montrées victorieuses grâce aux efforts des poudriers de Saint-Médard. En 14-18, elle contribua de toute son énergie au grand carnage ; en 1941, les Allemands mettent la main dessus ; en 1944, les Anglais la bombardent efficacement grâce aux renseignements livrés par les poudriers résistants.
La poudrerie épouse l’histoire humaine avec les conditions de travail des ouvriers, la kyrielle de morts, les émanations de produits qui bouffaient les poumons il n’y a pas si longtemps.
La poudrerie peint l’histoire sociale et syndicale, avec les révoltes, les grèves et les avancées qui ont, de tout temps, montré la voie du progrès.
Une histoire éternellement en marche, avec cet automne 2008 placé sous tension. La loi de programmation militaire 2009-2014 prévoit en effet la privatisation de la SNPE. Syndicalistes, salariés et élus soulèvent des interrogations sur les choix que retiendra un opérateur privé, s’inquiètent pour l’emploi. La SME, principale (et plus rentable) filiale de la SNPE est convoitée par le groupe Safran (Snecma, Sagem). Ceux qui combattent cette privatisation soulignent que « les activités de la SNPE comportent des risques qui seraient mieux gérés par un organisme public  ».
Le débat de fond, aussi, est persistant. Ainsi, les Verts de Gironde militent pour l’arrêt de la production du missile M51 et la reconversion de la SNPE-SME dans des applications purement civiles.
Le 18 décembre 2008. 22h. Source Sud-Ouest Hervé Pons